Terril du Boubier 2

10 choses à savoir sur les terrils !

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#1 C'est quoi un terril ?

Un terril est un dépôt de résidus stériles composés de schistes, grès et rebuts divers issus de l'exploitation souterraine et de surface (rails usagés, déchets de démolition, traverses), voire d’autres matières telles que des déchets ménagers, par exemple. À une certaine époque, les houillères opéraient le ramassage des poubelles des cités minières en régie puis venaient confiner les déchets en marge ou en pied de terril.

#2 Ça brûle !

La combustion résiduelle d’un terril est liée à la présence de reliquats de matière organique charbonneuse. Par le passé, le tri du charbon était manuel et les fragments rocheux, de grande taille. Les anciens terrils présentent ainsi beaucoup de volumes vides et de résidus riches en charbon (jusqu’à 30%). Ils sont donc davantage que les autres, susceptibles de s’embraser en masse. On parle alors d’auto-inflammation. Celle-ci est causée par la combustion spontanée de la pyrite, la température pouvant alors dépasser les 1 000°C. Ces terrils peuvent entrer en combustion pendant une trentaine d’années. En surface et par l’intermédiaire de fissures, les fumerolles se manifestent sous forme de vapeurs et d’odeurs de soufre. Le sol brûlant par endroits sur ces terrils constitue un vrai danger.

#3 Des archipels de biodiversité

Généralement implantés dans un paysage agricole intensif ou au sein d’un réseau urbain dense, les terrils sont devenus de véritables zones-relais pour les espèces dont l’habitat naturel est fragmenté ou perturbé. Par la nature de leur substrat et leurs configurations diverses, ils sont aussi un lieu d’accueil pour des espèces dites pionnières et/ou xéro-thermophiles (c-à-d recherchant des milieux particulièrement secs et chauds), celles-ci étant plutôt rares à l’échelle régionale. Ces deux particularités confèrent une biodiversité tout à fait singulière aux terrils du bassin minier franco-wallon.

#4 Domaine public ou domaine privé ?

La situation diffère selon les deux pays. Les charbonnages français ont été nationalisés dès la fin de la seconde guerre mondiale. À la fermeture des houillères en 1990, un seul grand propriétaire est alors identifié : les Charbonnages de France. La présence d’un interlocuteur unique a évidemment facilité la négociation sur le devenir des terrils. Dès lors, les grandes et petites collectivités territoriales ont pu négocier des acquisitions rendant quasiment l’ensemble des sites ouverts au public. Les choses se sont passées différemment en Belgique, où les charbonnages étaient demeurés une multitude d’entreprises privées, avec peu d’interaction avec la sphère publique. La négociation de cession de biens s’est alors révélée bien plus complexe.

#5 Tous coniques ?

Le terril conique reste” iconique". Sa légendaire forme triangulaire dominée par la couleur anthracite demeure à la fois dans le paysage et les esprits. En réalité, les terrils revêtent plusieurs formes selon les époques et les lieux. Certains sont effectivement coniques, mais d’autres sont plats, tabulaires voire mixtes.


#6 Attention … sites sensibles !

Avec le temps et après des décennies d'abandon, la nature a finalement conquis l’ensemble des terrils. De nouvelles formes de vies inféodées à ces friches sont apparues et contrastent avec leur environnement proche, qu’il soit urbain ou agricole. Ces archipels de biodiversité sont précieux et rares. La réappropriation progressive des terrils par les habitants et les touristes n’est donc pas sans conséquences sur la faune et la flore. Un équilibre doit être trouvé et mis en œuvre pour pouvoir profiter de ces lieux, tout en les respectant.

#7 Un héritage industriel à portée de main

Certains terrils n'ont jamais été exploités depuis la fermeture des mines. Certains dispositifs de mise à terril y subsistent donc partiellement. Rampes de chargements (dépourvus de rails mais présentant quelques traverses de béton), glissières de métal, fondations de pylônes de téléphériques, … parsèment encore les flancs ou les abords des sites. Ces éléments tangibles sont toutefois rares. Certaines initiatives récentes consistent donc à reproduire ou évoquer artistiquement sur ces sites, des sections d'éléments disparus, ce qui permet de recréer la magie.

#8 Woaw, quelle vue !

La relative platitude de nos contrées nous désavantage souvent pour admirer les paysages. Les terrils deviennent, de fait, une opportunité de belvédère pour observer notre patrimoine. Quelle que soit leur hauteur, les terrils parviennent toujours à surprendre le visiteur qui peut y percevoir un panorama époustouflant sur l’ensemble du territoire. Il peut ainsi s’amuser à identifier des points de repères: des clochers, des beffrois, des industries, des éoliennes, des voies de communication, voire … des terrils voisins.

Ces promontoires sont aussi des lieux idéaux pour voir la chaîne des terrils se matérialiser littéralement : il n’est pas rare, au sommet de l’un d’eux, de distinguer plus de dix terrils en enfilade. Tentez l’expérience, elle en vaut la peine !

#9 Des lieux de balade et de sports nature

On imagine souvent le terril destiné exclusivement à la balade patrimoniale ou naturaliste. Il n’en est rien ! Qui aurait pu penser un jour voir naître dans le nord de la France une station de ski ? C’est pourtant chose faite à Noeux-les-Mines depuis 1996, à 119 m d'altitude. Certes, l’on n’y trouve pas là un grand massif montagneux, mais les équipements sont à la hauteur de l’enjeu : remontée mécanique, piste synthétique avec couloirs à bosses pour plus de sensations.

Plus conventionnelle, la baignade a aussi fait son apparition dès le milieu des années 90 sur le terril des Argales à Rieulay ? Une plage de sable y a même été aménagée.

Les années 80, quant à elles, avaient déjà vu naître les sports de nature à sensation, tels que le VTT ou le char à voile, par exemple. Mais c’est le parapente qui a trouvé sur les terrils ses spots de prédilection : un minimum de dénivelé pour assurer le décollage et c’est parti pour un survol, rapide mais époustouflant, du paysage minier.

#10 Des fleurs entre les cailloux ou des cailloux à fleurs ?

Si le visiteur est attentif à ce qui se trouve à ses pieds, il peut lui arriver d’observer, sur certaines roches des terrils, des motifs de feuilles, de branches ou des ornements spéciaux.

Il s’agit de fossiles de végétaux, d’ espèces disparues depuis des temps immémoriaux, qui formaient les immenses forêts marécageuses du Carbonifère, il y a 325 millions d’années.

La plupart des plantes de cette époque se sont décomposées sans laisser de traces.

Pourtant, une petite partie d’entre elles, piégées dans des sédiments fins, se sont minéralisées au fur et à mesure que les sédiments se solidifiaient, ce qui a pris des millions d’années ; d’autres encore ont laissé leur empreinte dans la roche.

Les fossiles d’animaux sont beaucoup plus rares sur les terrils, bien que quelques insectes fossiles aient été découverts récemment sur un terril à Avion.

Attention ! Même si c’est tentant, il n’est pas autorisé de prélever des fossiles, ni des roches : contrairement aux fleurs, ils ne repoussent pas !